La démocratie dans les pays communistes actuels

États communistes entre 1979 et 1983

États communistes entre 1979 et 1983

Avant de poursuivre avec ma série d’articles, j’ai jugé convenable de réserver celui-ci aux pays communistes actuels, plus précisément à leur système politique et leur niveau de démocratie et non leur histoire. Comme vous pouvez le constater dans la section des liens sur les « Pays encore officiellement considérés communistes », il n’en reste que cinq : Cuba, le Laos, le Viêt Nam, la Corée du nord et la Chine. À différentes époques, il y en a eu trente-trois États communistes incluant l’URSS elle même formée de quinze républiques socialistes à un certain moment, on peux donc dire qu’il y en a eu environ quarante-sept …

La grande majorité de ces États sont redevenus capitalistes suite à la dissolution de l’URSS le 26 décembre 1991, surtout les sept autres États du Bloc de l’Est unis par le Pacte de Varsovie signé en 1955 au plus fort de la Guerre froide livré par les États-Unis à l’URSS dans sa grande paranoïa anti-communiste. La Mongolie qui est tout près de l’URSS a aussi préféré suivre le mouvement. Les grands pays comme la Chine et l’URSS peuvent se permettre de vivre en quasi-autarcie car ils ont de grandes richesses naturelles et énergétiques ainsi qu’une agriculture développée. Mais les petits pays pauvres comme ceux d’Afrique qui ont fait l’expérience du communisme ne l’auraient pu, tout comme la Mongolie, Cuba, le Laos , le Viêt Nam, la Corée du Nord et le Cambodge alors appelé Kampuchéa. Ils dépendaient tous largement des largesses de l’URSS pour leur subsistance. La plupart de ces petits pays ont succombé à l’attrait du capitalisme ou ont été forcés d’y adhérer mais dans le cas de certains pays africains, les illusions furent de courtes durées. La Corée du nord, le Laos et surtout le Viêt Nam ont goûté à la folie guerrière des impérialistes américains pendant très longtemps, se faisant bombarder sans relâches jours et nuits.

Le bolchevik par Boris Koustodiev

Le bolchevik par Boris Koustodiev

Cuba s’en est sorti en demandant protection à l’URSS, leur permettant en échange d’installer sur leur territoire des missiles à ogive nucléaire pointés sur leur ennemi commun, les États-Unis. Les Américains se sont vengé en imposant un embargo commercial et économique à Cuba qui est d’ailleurs toujours en vigueur, heureusement pour les Cubains, l’URSS leur vendait de l’essence à bon marché et leur achetait du sucre au-dessus du prix du marché. Le Laos et le Viêt Nam furent aussi victimes de cette arme économique cruelle et hypocrite de la part des États-Unis mais aussi du Japon … Partout où il y a du trouble sur terre, ces maudits Américains sont toujours pas loin sinon directement responsables. Maintenant que l’URSS n’est plus là pour jouer le rôle du Père Noël dans les quatre plus petits pays communistes qui ont miraculeusement survécu aux incessantes attaques des capitalistes, la Chine qui est devenue la deuxième puissance économique du monde après les États-Unis a pris sa relève.

Des démocraties laissant à désirer

Quatre des pays encore communistes ont une chose en commun, ils sont entièrement dirigés par leur parti communiste unique à parlement monocaméral (à une seule chambre). C’est le petit groupe de membres du bureau politique de chacun de ces pays qui prend toutes les grandes décisions. La seule exception est Cuba qui malgré son parti unique est devenu un pays très démocratique, un exemple à suivre pour tous les autres pays communistes et aussi capitalistes … Le peuple n’y élit pas directement les membres du conseil d’État mais ces derniers n’ont aucun pouvoir, c’est le peuple par le voix de ses 609 députés qui a tous les pouvoirs et le dernier mot …

En réalité, nos États bourgeois capitalistes avec leur partis multiples sont comme ceux à parti unique car une fois nos gouvernements élus pour quelques années, ils font tout ce qu’ils veulent en oubliant complètement leurs promesses électorales … Au Laos et au Viêt Nam, il y a périodiquement des élections libres afin que leurs peuples puissent élire leurs représentants immédiats, mais pas ceux d’un niveau supérieur et surtout pas les premiers dirigeants du pays qui ont tous les pouvoirs entre leurs mains, j’ai donc qualifié ces pays de « semi-démocratie ». La Corée du Nord tient aussi des élections mais elles sont carrément truquées et ne pas y participer peut être très dangereux pour la santé, c’est une dictature militaire … En Chine, il semble qu’il n’y ait pas encore d’élections générales, c’est sans doutes un des pays les moins démocratiques sur terre.

Le système politique de la Chine

Le très riche Xi Jinping

Le très riche Xi Jinping

La Chine est dirigée comme tous les pays communistes actuel par un parti unique, le Parti communiste chinois, exception faite de huit partis minoritaires autorisés par le régime. Il est difficile pour les occidentaux de connaître les détails concernant les nominations des dirigeants dans ce pays très secret mais il semble que depuis l’ouverture de la Chine au capitalisme, ce sont tous de riches bourgeois …

Ce Parti a une structure hiérarchique à quatre niveau, à la tête, le Comité permanent de sept membres dont Xi Jinping a été élu le 14 mars 2013 secrétaire général du parti et Président de la république populaire de Chine, on dit que la fortune de sa famille est évaluée à 2,7 milliards de dollars … On n’a plus les communistes qu’on avait. Le deuxième niveau est le Bureau politique composé de 18 à 25 membres, le troisième est le comité central de 200 membres et le quatrième est la base est formée de 80 millions de membres.

Comme la population de la Chine s’élève à plus de 1,4 milliards de personnes, on peux dire qu’environ 5,7% des Chinois sont membres du parti. Je crois que seuls ces membres ont le privilège d’élire leurs représentants du niveau immédiatement supérieur. J’ai mentionné qu’il ne semble pas y avoir d’élections générales en Chine mais il y a déjà eu une expérience « pilote » en 2009 dans les 363 quartiers résidentiels de Nanjing, capitale de la province orientale du Jiangsu. C’était pour élire les responsables de quartiers du Parti, il y a un début à tout.

La Transition de pouvoir en Chine se fait lors des congrès nationaux comme le 18ième ayant eu lieu le 8 novembre 2012, il y s’en tient un à tous les cinq ans et un nouveau président est élu tous les dix ans. À ce dernier congrès, 2200 délégués de toute la Chine sont venus élire les 200 membres du comité central qui ont à leur tour élit ceux du Bureau politique et finalement, le tout-puissant Comité permanent. Mais en réalité, ils sont tous choisis d’avance « au mérite » et ces élections « internes » ne sont qu’une formalité, un simulacre de démocratie. Ce sont des membres de castes familiales ou de riches dirigeants d’entreprises qui obtiennent tous les meilleurs postes.

Cour intérieure de la Cité Interdite

Cour intérieure de la Cité Interdite

Le système économique en Chine

N.B. Paragraphe modifié le 17 décembre 2013

Depuis 1995, trois systèmes monétaires ont été utilisés en Chine, le Yuan existant depuis le 19 ième siècle est l’unité de compte et le Renminbi la monnaie réelle utilisée par le peuple et longtemps non convertible à l’extérieur de la Chine, Renminbi veut dire « monnaie du peuple ». De 1995 à 2005, il était interdit aux visiteurs étrangers de posséder des Renminbi mais ils pouvaient échanger leurs devises contre des FEC (foreign exchange certificate), une sorte de monnaie acceptée dans les magasins, hôtels et aéroports, aujourd’hui, cette monnaie spéciale ne vaut plus rien sauf pour les collectionneurs. Les entreprises chinoises faisant du commerce avec l’étranger devaient cependant utiliser une devise étrangère – principalement le dollar américain – car il leur était interdit de transiger internationalement en Renminbi et c’est ainsi que la Chine a pu accumuler des réserves de change colossales en devises étrangères, principalement grâce au déséquilibre de leur balance commerciale. Mais depuis 2010, le Renminbi est devenu en partie convertible, au début uniquement dans la zone économique de Hong Kong mais maintenant dans des dizaines de provinces pour accommoder les entreprises, à certaines conditions … La partie non convertible utilisée par le peuple est désignée par le code CNY (monnaie « onshore ») et la partie convertible par le code CNH (monnaie « offshore »). Le Renminbi CNY a une valeur fixe reliée à un panier de devises internationales importantes et le taux de change du CNH est flottant comme celui de la grande majorité des devises et est soumis à l’offre et la demande du marché international des changes, ce qui fait que le taux de change entre le CNY et CNH est variable mais actuellement, ils ont une valeur quasiment identique. En 2013, de plus en plus d’entreprises dans le monde transigent avec les entreprises chinoises directement en Renminbi convertibles.

Ce pays est devenu très riche mais contrairement à ce que disent les médias occidentaux, les salaires sont encore très bas en Chine. Un de mes correspondants vivant à Shanghai m’a confirmé il y a un mois que le salaire actuel d’un ouvrier non diplômé dans sa ville était de 3000 à 5000 Renminbi par mois, donc seulement 375 à 635 Euro ou 480 à 800 dollars américains. La semaine de travail normale y est de cinq jours comme dans les pays occidentaux mais nos travailleurs ont un salaire minimum de deux à trois fois plus élevé.

Le coût de la vie dans les grandes villes en Chine augmente plus vite que les salaires, ce qui appauvri relativement les travailleurs, mais dans les campagnes, les paysans ont encore un revenu d’à peine plus de 50 dollars par mois. Heureusement que leur logis et leur nourriture ne leurs coûte pas trop cher, mon correspondant estime que 25% de la population chinoise vit sous le seuil de la pauvreté et dit que la vie à Shanghai n’est vraiment pas rose. La Chine est en fait devenue un des pires pays capitalistes au monde en plus d’être une dictature de castes non démocratique …

Le système politique en Corée du nord

Kim Jong-un

Kim Jong-un

Tout comme en Chine, il n’y a qu’un parti politique en Corée du nord structuré selon une hiérarchie semblable mais c’est une dictature militaire familiale dont le commandant et chef suprême est Kim Jong-un depuis la mort de son père Kim Jong-il qui en avait fait un poste garanti par la constitution dans la perspective de la succession de son père Kim Il-sung qu’il a été lui-même défini comme président éternel en 1998 …

Mais cela ne veut pas dire que Kim Jong-un est indélogeable, il devra faire ses preuves à la tête du pays et est assis sur un siège éjectable, un putsch est toujours possible et une constitution, ça se change. Des élections législatives ont lieu assez souvent en Corée du nord selon les circonstances, il y en a eu en 2003, 2009 et 2011. Mais de l’avis des observateurs internationaux, elles sont très peu démocratiques et même complètement truquées car il n’y a habituellement qu’un seul candidat choisi d’avance pour qui voter. Ils affirment que 100% des Nord-Coréens vont voter, ils n’ont pas tellement le choix car ceux qui n’y vont pas sont considérés comme ayant fuit le pays et leur famille en subit les conséquences. Ces élections sont plutôt un prétexte pour effectuer un recensement général.

Les 687 députés de  circonscription de l’Assemblée populaire suprême sont élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans par tous les citoyens âgés d’au moins dix-sept ans. Mais ces députés n’ont aucun pouvoir réel, celui-ci est entièrement entre les mains du Comité de la Défense nationale, donc d’un groupe très restreint d’individus qui décident de tout.

Les habitants de ce pays survivent actuellement grâce à l’aide internationale, particulièrement de la Chine et de la Corée du sud, là où se réfugient ceux qui réussissent à se sauver. C’est aussi avec ceux-ci que se font leurs rares échanges commerciaux, les deux principaux problèmes de la Corée du nord sont qu’ils ont essayé de vivre en autarcie mais comme je l’ai déjà mentionné, c’est impossible pour un si petit pays, également qu’ils ont mis toutes leurs énergies dans leur armée disproportionnée de dix millions d’hommes actifs, de réserve et paramilitaires ainsi que dans leurs programmes spatial et nucléaire. Comme leur population est de 25 millions d’habitants, on peux dire que 40% des Nord-Coréens font potentiellement partie de l’armée.

Si ils n’auraient pas eu à vivre sous la constante menace des impérialistes américains dont la puissante armée occupe la Corée du sud depuis la Guerre de Corée qui a fait un million de morts dans leur pays de 1950 à 1953, ils auraient peut-être pu mieux s’occuper de gérer leur agriculture et leur économie. Après la dislocation de l’URSS et une série de catastrophes naturelles, la Corée du nord a subi une famine faisant de 900 000 à deux millions de morts. Je crois personnellement que la Chine annexera bientôt sa voisine la Corée du Nord pour éviter qu’elle ne tombe entre les mains de sa grande puissance rivale, les États-Unis.

Le système politique du Viêt Nam

Nguyễn Phú Trọng

Nguyễn Phú Trọng

Le Viêt Nam qui comptait environ 92 millions d’habitants en 2012 tient des élections législatives normalement tous les cinq ans, Trương Tấn Sang a été élu président de l’État le 25 juillet 2011 par l’Assemblée nationale vietnamienne avec 487 voix, soit 97,4 % des suffrages.

Cette assemblée est élue au suffrage indirect par tous les Vietnamiens âgés de plus de 18 ans et compte 500 députés dont seulement un tiers y travaillent à temps plein. Sont aussi élus les 301954 membres des Conseils populaires de tous les échelons, plus de 63 millions d’électeurs sont appelés à voter.

En réalité le rôle de l’Assemblée nationale est relativement faible même s’il est en continuelle progression. Son travail législatif est étroitement contrôlé par le gouvernement et consiste principalement à appliquer la politique du Parti unique. Le pouvoir suprême est en fait détenu par le secrétaire général du Parti communiste vietnamien Nguyễn Phú Trọng en poste depuis le 19 janvier 2011. C’est aussi un parti au modèle Marxiste composé d’un secrétariat de 7 à 9 membres, un bureau politique de 14 membres et un comité central de 133 membres. Il y avait deux millions de membres dans le parti en 1986 et certainement beaucoup plus maintenant.

L’économie Vietnamienne était très mal en point depuis la Guerre du Viêt Nam qui dura de 1959 à 1975 jusqu’à la levée de l’embargo américain au milieu des années ’90. Une libéralisation économique progressive a permit depuis au pays de prospérer en exportant principalement du riz, des minerais, de la machinerie lourde et surtout du pétrole qui compte pour 20% de ses revenus. En 2011, 48% des emplois totaux étaient dans l’agriculture. Le secteur des services en occupe 29,6 % et celui de l’industrie 22,4 %. Le secteur primaire représente 22 % du PIB, le secteur secondaire 40 % et le secteur tertiaire 38 %. En 2010, ses principaux clients étaient : Les États-Unis (20 %), le Japon (10,7 %) et la Chine (9,8 %). Toutefois, cette ouverture au marché libre y a provoqué une forte inflation et une corruption élevée et tout comme en Chine, le fossé s’y creuse de plus en plus entre les riches et les pauvres, c’est là le plus grand problème du capitalisme …

Le système politique au Laos

Choummaly Sayasone

Choummaly Sayasone

Le Laos n’a qu’une population de 6,5 millions d’habitants, ce qui est peu relativement à sa superficie. Il a un système politique ressemblant étrangement à celui de son voisin le Viêt Nam, son président et secrétaire général de son parti unique est Choummaly Sayasone depuis son élection le 8 juin 2006.

Des élections y ont normalement lieu aux cinq ans, trois millions d’électeurs furent appelés aux urnes le 30 avril 2011 pour élire 132 députés parmi les 190 candidats qui se sont présentés. Ces derniers sont souvent intervenus pour modifier profondément certaines lois mais c’est quand même toujours le « Politburo » du parti qui a le dernier mot.

Le Parti révolutionnaire populaire lao comptait 60000 membres en 1991, alors environ 1% de la population, l’exécutif comptait 59 membres et le bureau politique 11 membres en 1993. L’article 3 de la constitution du Laos stipule que « le droit du peuple d’être maître de la Patrie pluriethnique est exercé et garanti par le fonctionnement du système politique dont le Parti populaire révolutionnaire Lao constitue le noyau dirigeant ».

L'Opération Rolling Thunder des Américains

L’Opération Rolling Thunder des Américains

Le Laos a aussi souffert énormément de la guerre anti-communiste des américains et de leur embargo car pendant la guerre au Viêt Nam, ces derniers les ont accusé de laisser passer les armes du Cambodge au Viêt Nam sud par la Piste Hô Chi Minh.

Ces capitalistes détraqués ont mené l’opération de bombardements intensifs Rolling Thunder … 506 avions de l’US Air Force, 397 de l’US Navy et 19 du Corps des Marines ont été perdus au cours de cette opération.

Les pertes vietnamiennes sont quant à elles importantes, puisque 52000 soldats et 182000 civils furent tués lors de bombardements. Le Conseiller militaire et journaliste Fred Branfman a dénoncé avec virulence la violence inutile de ces attaques dans son livre Voices from the Plain of Jars : Life under an Air War, 1972. Il a avancé le nombre de plus de 500000 raids, soit une attaque toutes les 8 minutes pendant 9 ans …

Une grosse jarre de la Plaine des Jarres

Une grosse jarre de la Plaine des Jarres

La plaine des jarres où la piste Hô Chi Minh ne passait d’ailleurs même pas et qui est un magnifique site historique a été complètement ravagée par ces bombardements américains intensifs. Seuls les trois plus importants de ces soixante sites ont été « nettoyés » à ce jour, les autres sont encore parsemés de bombes non désamorcées, ce qui rend très dangereuses l’étude et la visite des zones à jarres. Le Laos a une histoire très ancienne et on y retrouve de nombreux trésors datant de plus de mille ans, tels de magnifiques bâtiments, temples et sculptures. Ce petit pays s’est ouvert en 1986 aux « nouveaux mécanismes économiques » et a accepté plusieurs investissements étrangers mais les habitants y sont encore très pauvres, le revenu moyen étant d’environ mille dollars par année.

En 2005, le tourisme représentait la première source de devises du pays devant l’hydroélectricité. L’agriculture y représentait 42% du PIB et 80% de l’emploi total en 2009, les paysans y cultivent surtout du riz mais aussi du maïs, du café, des arachides, du coton, du tabac et de l’opium … Ses principaux clients sont la Thaïlande (20%), la France (8%) et le Japon (3%).

Le système politique de Cuba

Raúl Castro Ruz

Raúl Castro Ruz

Cuba est une petite île des Caraïbes peuplée d’environ 12 millions d’habitants et politiquement le plus intéressant des cinq derniers pays communistes. Des élections législatives y ont lieu au cinq ans, le système politique de Cuba est aussi à parti communiste unique et est basé sur les idéaux politiques de Marx, Engels et Lénine. Il est aussi guidé par les principes énoncés par José Martí qui était un grand homme politique, philosophe, penseur, journaliste et poète cubain. Il fut le fondateur du Parti Révolutionnaire Cubain, un héros national et certainement l’homme le plus glorifié par le peuple cubain.

Les dernières élections législatives ont eu lieu le 3 février 2013, 112 députés ont été élus, les candidats n’ont pas besoin d’être membres du parti mais ne doivent évidement pas s’opposer au régime socialiste du pays. Ils sont proposés par des citoyens au niveau de la commune, des représentants des mouvements des travailleurs, de la jeunesse, des femmes, des étudiants et des paysans, ainsi que de membres des Comités de la défense de la Révolution. La Commission nationale des candidatures en sélectionne suivant le nombre de sièges à pourvoir sur la base de critères comme le mérite, le patriotisme, les valeurs morales et le passé révolutionnaire.

Lors du scrutin, les citoyens élisent ou rejettent le ou les candidats retenus pour leur circonscription, en votant ‘oui’ ou ‘non’ pour chaque. Si un candidat n’obtient pas la majorité des suffrages en sa faveur, il n’est pas élu et une nouvelle élection a lieu dans cette circonscription à une date ultérieure. Le droit de vote s’obtient à l’âge de seize ans mais pour être élu, les candidats doivent avoir au moins dix-huit ans. Les condamnés et les personnes atteintes d’une maladie mentale n’ont pas le droit de voter … si c’était comme ça au Canada, jamais le parti conservateur aurait été élu … Par tradition, les urnes électorales sont « gardées » par des enfants et des adolescents le jour de l’élection, les associant ainsi au scrutin bien qu’ils ne puissent pas voter … Je trouve ça absolument génial !

Après l’élection, chaque député est censé rendre compte de ses activités à ses électeurs qui peuvent en principe le démettre de ses fonctions en cours de mandat … Il s’agit des premières législatives depuis l’accession à la présidence de Raúl Castro et les importantes réformes économiques et de société mises en œuvre par son gouvernement.

Il existe trois types d’élections au suffrage universel à Cuba : les élections municipales, les élections provinciales et les élections législatives. À aucun moment de ces élections le Parti communiste n’a le droit de désigner lui-même des candidats … Les élections à l’Assemblée municipale ont lieu tous les deux ans et demi dans chacune des 169 communes. Chacune des communes est divisée en 30 à 200 circonscriptions selon le nombre d’habitants, chacune envoie un ou deux délégués à l’Assemblée municipale. Dans chaque circonscription ont lieu des réunions publiques au cours desquelles les citoyens désignent directement leurs candidats. Il est ensuite interdit à ces candidats de mener campagne pour leur propre compte, les Commissions électorales sont chargées d’afficher aux endroits publics leurs biographies afin que tous puissent savoir pour qui ils sont vraiment.

À l’issue des élections générales, les 1200 délégués des 14 assemblées provinciales et les 609 députés de l’Assemblée nationale sont renouvelés. Depuis les réformes de 1992, les élections municipales se déroulent de manière compétitive, avec des candidatures multiples et la plupart du temps, sans interférence du parti communiste. Par contre, les élections aux assemblées provinciales et à l’assemblée nationale demeurent contrôlées par le parti et se déroulent selon le système de candidatures uniques que j’ai décrit plus haut.

L’Assemblée nationale du pouvoir populaire est l’organe suprême du pouvoir de l’État et le seul organe disposant à la fois des pouvoirs de faire des lois et modifier la Constitution. Elle se réunit au moins deux fois par an en session ordinaire. Après son renouvellement, l’Assemblée élit son président, son vice-président et son secrétaire. Aucun des députés n’est payé pour sa fonction, ils continuent à exercer leur vie professionnelle. Ils peuvent être révoqués par leurs électeurs si ceux-ci jugent qu’ils n’assurent pas convenablement leur fonction … Si au Canada, nos députés n’étaient pas payés, il n’y aurait pas grand monde qui voudrait se lancer en politique …

L’Assemblée élit parmi ses députés le Conseil d’État. Elle désigne également le Conseil des ministres, dont les membres peuvent être choisis en dehors de l’Assemblée. Les juges du Tribunal suprême, le plus haut organe judiciaire, sont aussi élus par les députés. Raúl Castro a donc été élu président du Conseil d’État et chef de gouvernement par les députés de l’Assemblée nationale eux-mêmes proposés et élus directement par le peuple.

Le Conseil d’État est l’organe de l’Assemblée nationale qui la représente entre deux sessions. Formé de 31 membres, il représente l’État cubain sur le plan national et international. Il est habilité entre autres à déterminer la tenue de sessions extraordinaires de l’Assemblée nationale, à fixer la date des élections en vue du renouvellement et à faire des décrets-lois entre deux sessions de l’Assemblée.

Le Conseil des Ministres est le gouvernement de Cuba, il est dirigé par le président du Conseil d’État. Il est chargé d’organiser l’ensemble de la politique intérieure et extérieure du pays selon les orientations décidées par l’Assemblée nationale. Les Assemblées locales sont considérées comme les organes supérieurs du pouvoir de l’État dans leur province ou leur commune. Elles s’occupent de diriger les entités liées au secteur économique, à la production et aux services qui sont directement de leur ressort.

Le système économique de Cuba

Puits de pétrole cubains

Puits de pétrole cubains

Comme tout récemment en Chine, il y a deux systèmes monétaires à Cuba, c’est une bonne façon pour un pays communiste d’éviter la souillure capitaliste venant de l’extérieur et la contrebande des tricheurs bourgeois.

Le Peso Cubain Convertible (CUC) est la monnaie officielle de Cuba utilisée par les banques et les entreprises pour le commerce extérieur, il a la même valeur que le dollar  américain mais officiellement, il ne peut être échangé que sur le territoire cubain. En raison de l’embargo économique et financier des États-Unis envers Cuba, le change du dollar américain fut surtaxé de 10 % alors que celui des autres monnaies ne l’est pas mais depuis que Raúl Castro est au pouvoir, cette taxe a été abolie. Le CUC est considéré par certains économistes comme une forme de FEC (foreign exchange certificate) tel qu’utilisé en Chine de 1995 à 2005 ainsi que dans de nombreux autres pays, notamment en URSS.

Le Peso Cubain (CUP) est la monnaie utilisée pour les transactions courantes entre les Cubains comme monnaie de change à l’intérieur du pays et n’a aucune valeur officielle à l’extérieur. Un double taux de change entre ces deux monnaies permet aux entreprises de subventionner la consommation intérieure du pays. Entre les banques et entreprises, les pesos cubains sont échangés contre les pesos convertibles au taux de un pour un mais pour les Cubains, les pesos cubains sont échangés dans les bureaux de change appelé « Cadenas » contre les pesos convertibles au taux variable de 24 pour un (en 2006). Le salaire moyen national n’équivaut qu’à 196 dollars américains par an, cependant, le PNUD propose 4 519 dollars américains à partir de la parité du pouvoir d’achat (PPA).

À Cuba, la propriété privée résidentielle n’a jamais été abolie et 80% des Cubains sont restés propriétaires de leur logement. Jusqu’en 2012, ils pouvaient seulement échanger leur appartement contre un autre. Désormais, ils sont autorisés à acheter ou vendre leurs biens, dans la limite d’un logement principal et d’une résidence de vacances. Comme les agences immobilières restent interdites, une bourse aux logements se tient tous les samedis sur le paseo del Prado, à La Havane. Ils peuvent aussi vendre ou acheter leurs automobiles et depuis le 14 janvier 2013, les Cubains peuvent voyager à l’étranger.

Comme je l’expliquais au début de cet article, la chute de l’URSS et l’embargo américain depuis 1962 eurent de lourdes conséquences sur l’économie cubaine. En 1992, les États-Unis ont resserré l’embargo contre Cuba, tout bateau qui entrait dans un port cubain était refusé d’accès aux États-Unis pendant 6 mois. Des centaines de tonnes de nourriture et de médicaments étaient prises en otage. Quelques années plus tard, l’embargo fut encore intensifiée, chaque pays qui commerçait avec Cuba se voyait interdit d’accès aux États-Unis, l’accès de Cuba aux capitaux étrangers s’écroulait … Heureusement que les touristes canadiens et européens continuaient à y aller en grand nombre chaque hiver, se moquant bien des menaces américaines, leur apportant des milliards de dollars en revenu …

Une vue de Trinidad à Cuba

Une vue de Trinidad à Cuba

Face à cette crise économique, Cuba libéralisa un peu son économie. Le développement d’entreprises privées de commerce et de manufactures fut permis, ainsi que la légalisation du dollar américain dans les magasins jusqu’en 2004. En 1998, Bill Clinton a allégé légèrement l’embargo permettant aux entreprises américaines « de vendre » nourriture et médicament à Cuba … En 2009, Barack Obama réussi à convaincre le congrès américain d’alléger encore cet embargo en permettant aux américains de se rendre en voyage sur l’île et aux Américano-Cubains d’y transférer de l’argent. Mais dans sa plus grande partie, l’embargo est toujours maintenu … Par chance, Cuba peut maintenant compter sur le Vénézuela, la Bolivie, le Nicaragua, la Dominique, le Honduras et la Chine pour faire un peu de commerce extérieur, ainsi que sur le tourisme occidental.

Ce qu’il faut retenir de tout ça

Les impérialistes américains sont des salauds qui se sont attaqué comme des sauvages à tous les petits pays communistes sans défense mais ont été trop trouillards pour s’attaquer à la grande Chine et au puissant Bloc de l’Est pendant la guerre froide. Un beau jour, ils vont regretter amèrement tout le mal qu’ils ont fait sur terre …

La Chine est devenu un de pires pays capitalistes au monde. La Corée du nord est en train de sombrer sous le poids de sa dictature militaire et sa pseudo démocratie est une mascarade. Le Laos et le Viêt Nam sont démocratiquement en évolution mais devraient faire attention de ne pas trop se frotter au capitalisme.

Et Cuba est un pays communiste avec une démocratie ouvrière exemplaire qui ne peut que prospérer économiquement avec ses partenaires d’Amérique du sud et un jour du monde entier, lorsque les Américains auront enfin pris leur trou.

Felicidades Cuba!

Alain Poitras – Activiste néocommuniste

À propos de Alain Poitras

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